Les ratés Panini – Juan LOZANO

La vignette ci-contre est une anticipation des éditions Panini mais c’était sans compter sur le sénat belge ! Juan LOZANO est né en Espagne mais à brillé en Belgique, cependant Juan Lozano ne jouera jamais en équipe nationale, ni pour l'Espagne ni pour la Belgique. Pourtant, il fut proche de le faire avec la Belgique. Sa naturalisation a été acceptée par les députés mais refusée par les sénateurs. Il ne put donc jouer la Coupe du Monde 1982 en Espagne. Mais c’est le principal intéressé qui en parlera le mieux, voici ce qu’il déclara dans une interview de 1983 à la question sur sa naturalisation qui paraissait acquise à quelques semaines du mondial :
«C’est un long feuilleton et ça à commencé lorsque Goethals voulait me faire jouer avec les juniors belges. Goethals m’avait demandé de me faire naturaliser. J’ai refusé. J’ai refusé aussi avant de partir aux Etats-Unis lorsque Guy THYS me l’a proposé à son tour. Thys cherchait un numéro 10 pour l’équipe nationale belge. J’ai longtemps espéré que mon s’intéresserait à moi. Que je jouerais en sélection espagnole. En vain. Non seulement je n’ai jamais été appelé, mais en plus aucun sélectionneur n’est jamais venu me voir en Belgique. Pourtant en Espagne les créateurs ne se bousculent pas dans la sélection ibérique ! Bien avant le mondial 1982, j’ai donc réalisé que si je ne voulais pas rater complètement ma carrière internationale, il ne me restait qu’à devenir belge. 

Tout semblait en ordre. En mai 82, j’ai même participé au stage préparatoire au match Belgique-Roumanie. Le lendemain de cette rencontre la décision du Sénat est tombée : négative. Ce fût très dur. Je souhaitais tellement jouer ce mondial dans mon pays d’origine. Pour moi, cela aurait été une belle revanche. Hélas, les sénateurs n’ont pas voulu faire d’exception, car il y a en Belgique beaucoup de gens qui attendent leur naturalisation. En réalité, je crois aussi qu’ils ont été offensés parce que la presse annonçait déjà ma participation au mondial, comme s’ils n’avaient pas leur mot à dire. Cette naturalisation, je l’attends maintenant pour ces jours-ci. Cette fois, il ne devrait enfin plus y avoir de problèmes ».

Sur un point, LOZANO avait raison tout le monde avait annoncé sa présence en Espagne même l’album panini en revanche sur sa naturalisation il s’est bien planté. En tout cas cette vignette Panini est une pièce collector car c’est la seule fois de sa vie que Lozano portera le maillot des diables rouges (cliché pris pendant le stage préparatoire qu’il évoque). LOZANO aura eu une carrière bien atypique et aura autant fait parler de lui sur les terrains qu’en dehors !! Né à Séville ses parents quittent l’Espagne lorsqu’il a 2 ans et s’installe en Belgique, à Anvers. Juan LOZANO débute à Beerschot (il évolue avec le gardien polonais Jan TOMASZEWSKI). Milieu créateur il brille et l’équipe tourne bien se qualifiant 2 fois pour l coupe de l’UEFA. Seulement à 23 ans, ce talentueux numéro 10, va rejoindre la Major league Soccer aux Etats-Unis championnat plutôt réservés aux préretraités, la preuve il y évoluera avec un certain Johan CRUYFF aux Washington DIPLOMATS alors que ce dernier à 34 ans (plutôt l’âge moyen des européens en MLS). LOZANO s’explique sur ce départ surprise : 

Un jeune talent parmi les anciennes gloires du vieux-continent
« J’avais eu pas mal de propositions. Des meilleurs clubs belges mais aussi des meilleurs espagnols comme Valence, le FC Barcelone ou l’Atlético de Madrid. Mais Beerschot demandait une très grosse somme pour mon transfert. Cette somme, seuls les Washington Diplomats ont pu la payer. J’ai donc signé pour 3 saisons. Là j’ai joué avec Johan CRUYFF notamment. L’équipe marchait plutôt bien, l’expérience était enrichissante dans tous les sens du terme. Mais en mai 1980 après une tournée en Asie, au retour une surprise nous attendait : les dirigeants avaient dissous l’équipe ! »
LOZANO est donc sans club mais CRUYFF qui admire le jeu de son co-équipier le proposé au FC Barcelone. Malheureusement cela ne vas pas se passer comme il le souhaite : « Les dirigeants m’ont payé le voyage à Barcelone, car ils voulaient me signer à tout prix. Donc me voilà à Barcelone et à mon arrivée la presse m’apprend que je dois procéder à un essai. Curieux pour un joueur dont ils veulent à tout prix la signature, non ? Les dirigeants m’explique que l’entraineur, PARERA, ne me connait pas assez. Pendant 4 ou 5 jours, je me suis donc entrainé avec le Barça. Mais je ne voyais toujours rien venir et on m’envoyait bouté chaque jour quand je m’inquiétais de mon sort. Au bout d’une semaine j’ai pris l’avion pour la Belgique et décidé de ne pas jouer pour un club qui ne manifestait aussi peu d’intérêt pour ma venue »

Juan LOZANO revient en Belgique et signe au RSC Anderlecht. La première année il est entrainé par une vielle connaissance du championnat de France, Tomislav IVIC. Au sein d’un ANDERLECHT ultra défensif LOZANO remporte son premier titre et est champion de Belgique. Ensuite en 1983 IVIC est remplacé VAN HIMST et le club se hisse en finale de la coupe de l’UEFA face au Benfica de Lisbonne, grâce à un LOZANO décisif, Anderlecht remporte sa troisième coupe d’Europe après ses deux coupe d’Europe des vainqueurs de coupes de 1976 et 1978 (voir les sujets sur Anderlecht 1976 et Anderlecht 1978). LOZANO va alors voir les portes d’un grand d’Europe s’ouvrir pour lui : il signe au Réal de Madrid et va évoluer avec les Butragueno, Santillana, Michel, Sanchis ou encore Martin Vasquez. Mais la scoumoune sera encore avec notre bonhomme, les blessures à répétition le scotche en tribunes et après 2 saisons LOZANO retourne dans son pays d’adoption lui qui aura décidemment toutes les peines du monde à jouer au football sur sa terre natale !

De retour à Anderlecht il retrouve la santé et son football et fait des merveilles au côté d’un jeune prodige de 18 ans, un certain Enzo SCIFO. De nouveau champion en 1986 et 1987 il paiera un lourd tribu dans a quête de ce dernier titre. Le 11 avril 1987 il subit un véritable attentat d un certain Desloover qui lui casse la jambe est c'est fini ou presque. LOZANO va encore faire parler de lui mais plus sur les terrains mais dans les tribunaux ! Et oui il est le premier joueur de l’histoire du football a porté plainte contre un adversaire pour tacle dangereux ! Heureusement qu’une telle pratique n’a pas cours en France, sinon nos Colleter, Di Meco et consorts seraient encore à l’ombre !! N’empêche qu’en appel en 1992 soit 5 ans après les faits LOZANO gagne son procès, voici les faits relatés pas le journal Le Soir au lendemain du verdict :

Yvan Desloover, joueur du club de football de Waregem, est bien coupable de coups et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail sur la personne de Juan Lozano. Des faits qui remontent au 11 avril 1987 lors du match de première division opposant le SV Waregem au SC Anderlecht dont le joueur espagnol était une étoile. Cet incident de jeu a mis fin prématurément à la carrière du génial Andalou qui ne végéta plus que dans deux ou trois clubs de seconde zone. L'arrêt rendu jeudi par la 3e Chambre de la Cour d'appel de Gand condamne le joueur flandrien, qui joue toujours à Waregem, à payer une amende de 3.000 francs et solidairement avec son employeur, le S.V. Waregem, il devra payer une provision de 750.000 francs dans l'attente d'un jugement définitif sur les dommages qui se chiffreraient par millions. Sur ce dernier point, on attend le rapport du professeur Hendrik Claessens.
Yvan Desloover avait été acquitté en première instance à Courtrai de l'inculpation de coups volontaires, requalifiée en appel de «coups involontaires et blessures».

La fin de sa carrière sportive !
Hormis la malédiction qu’il le frappe lorsqu’il s’agit de jouer sur sa terre natale, Juan LOZANO fut l’un des plus grands joueurs du championnat belge. Un magazine sportif belge l’a même classer dans les 10 meilleurs footballeurs de l’histoire du championnat belge (6ème) derrière son ancien entraineur Van Himst (1er) et le hollandais Rob RENSENBRINK (2ème) mais devant son jeune co-équipier Enzo SCIFO (9ème). Enfin et pour terminer une petite anecdote que peut de monde sait mais LOZANO a failli venir en France et à Paris, c’est lui-même qui avait donné l’info il y a quelques années :
« J’ai rencontré le président du PSG, Francis BORELLI à deux reprises, dont une fois chez lui. Je voulais jouer au PSG, parce que ce club à les moyens de devenir un grand club et parce que Paris est une ville qui me fascine. Mais l’affaire ne s’est pas réalisée car Anderlecht demandait beaucoup trop d’argent ».

P.S : Un grand merci à Gerardo de m'avoir informé de cette erreur et des anecdotes sur Lozano. Et merci également à Claude pour les superbes vignettes de Lozano à Beerschot

10 commentaires:

  1. Magnifiques vignettes du Beerschot !!
    super article, à noter que l'ami (je rigole) Desloover a continué sa carrière et à longtemps été hué sur les differents terrains de Belgique !!

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  2. Quand je faisait mes recherches c'est ce que j'ai vu sur pleins de forums de foot belges. Nombreux étaient les gens qui trouvaient injuste que Lozano ne puisse plus joueur tandis que son bourreau lui continuait de sévir

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  3. on a faillit assister à un remake la saison dernière quand Axel Witsel, tout frais jeune soulier d'or Belge, a tacklé plus que violemment le rugueux défenseur polonais d'Anderlecht Wasilewski !! peut etre que cela fera l'objet d'un article sur ton blog ds qq années lol

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  4. Je fais pas beaucoup de sujets sur les années 90, encore moins sur les années 2000 alors les années 2010 ;-)

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  5. Tu as raison Alex, le foot en vignettes est mort avec le Panini français de 1987. Quelles affreuses vignettes !
    A propos de Lozano, de quels albums proviennent les images du Beerschot ? Ce sont des Panini ?

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  6. lol et merci Lanzada.
    Oui ce sont des panini (1978 et 1979). La Belgique a été le second pays après l'Italie a adopté les vignettes Panini et pendant longtemps a été le second marché mondial pour l'éditeur après l'Italie.

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  7. J'ai compris ! Enfin a priori... Le Lozano de 1979 date en fait de la saison 1976-77. J'ai revu le Tomaszewski 78-79 (avec maillot à lunettes) que tu avais publié, avec une déco autour de la vignettes qui était différent. Pas simple les Panini !

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  8. Oui tu as raison c'est 77 et 78 j'ai le 79 mais je ne l'ai pas mise finalement, peut être une prochaine fois. Bien joué t'es resté vigilant ;-)

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  9. J'ai vu ce match j'en ai encore des frissons malheureusement après son opération et sa convalescence il n'a plus retrouvé son niveau il a encore joué à l'endracht alost et puis il est devenu représentant chez "L'univers du cuir"

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  10. Merci Yassin, je me posais justement la question sur sa reconversion. Grâce à toi j'en sais un peu plus. Merci

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