L'exode des polonais : Robert GADOCHA

Robert GADOCHA, Histoire d’un transfert raté

Comment l’un des meilleurs joueurs de la coupe du monde, pilier de cette formidable équipe de Pologne (voir les articles : Pologne 1972-74 les bases d’une grande épopée et Pologne 1974 : A la conquête du titre mondial) et élu dans le onze type du mondial 1974 est complètement passé au travers lors de son passage en France.
Retour sur un transfert mouvementé où on se rendra compte que le talent d’un joueur ne suffit pas pour en faire un bon co-équipier et qu’il serait trop simple de prétendre qu’un barbecue entre joueurs peut tout arranger !
Comme on l’a vu, la Pologne est renversante au début des seventies et son ailier gauche, Robert GADOCHA est insaisissable. Avec DEYNA, SZAMARCH et LATO il a enthousiasmé les foules et comme il a passé la trentaine, les dirigeant polonais du Legia Varsovie mais surtout les autorités publiques vont lui donner son bon de sortie comme pour DEYNA (voir l’article sur le « général DEYNA »). Alors tous les grands clubs se renseignent pour attirer ce formidable ailier gauche, l’Ajax, le Bayern ou encore l’Athlético de Madrid sont sur les rangs mais c’est Nantes qui va réussir à s’extirper du panier de crabes polonais pour réussir un transfert improbable.

C’est le directeur sportif des canaris Robert BUDZYNSKI (ancien joueur français mais d’origine polonaise) qui va réussir à faire sortir Gadocha de Varsovie et le 1er janvier 1975 il s’engage avec Nantes pour un transfert record. Record non pas au niveau du montant d’indemnité lâché au Légia (on l’a vu qu’ils ont laissé partir DEYNA pour du mobilier de Bureau : article sur le « général » DEYNA), non le record est pour le salaire de GADOCHA. En effet le FC Nantes, pourtant club réputé prudent sur le marché des transferts va sortir l’artillerie lourde pour attirer l’ailier polonais, très convoité, sur les bords de l’Erdre. Les dirigeants nantais vont alors sortir le chéquier et c’est là que les problèmes vont vraiment commencer, bien plus que les lenteurs de la fédération. En effet arrivé à Nantes le 1er janvier 1975, les dirigeants de la fédération, ne valideront son contrat de travail qu’en Avril 1975 ! soit plus de 3 mois sans jouer !!
Non le souci c’est le salaire de GADOCHA, mais pourquoi ? Il faut savoir que pour les clubs, à l’époque, les salaires des joueurs étaient très réglementés et encadrés, pour preuve :
La charte du football professionnel, prévoyait une sorte de plan de carrière des joueurs et les salaires correspondants, Les aspirants, jeunes gens de 16 à 18 ans qui aspirent à devenir professionnels, devraient toucher moins de 700 F par mois, nourris et logés. De 18 à 20 ans, ceux qui persévèrent sont stagiaires. Puis ils signent, à l'issu de leur stage, un contrat de 4 ans avec le club qui les a formés. Pendant toute cette durée, les salaires oscillent entre 700 F et 4 ou 5 000 F par mois, avec une rétribution moyenne située à peu près à mi-chemin entre ces sommes. 

Ensuite, vers 25 ans, libéré de toute attache avec son club d'origine, le joueur peut espérer se vendre un bon prix. Toutefois, la charte a fixé le salaire maximum à 12 000 F par mois, se réservant la possibilité d'accorder exceptionnellement des dérogations. Vers 30 ans la carrière du footballeur touche à sa fin. En l'absence d'une politique facilitant leur reconversion, les joueurs ont donc 5 à 6 ans devant eux pour amasser un maximum en vue de cette reconversion qu'ils devront assumer seuls. Ils ont donc su faire monter les enchères. Par exemple les deux grandes vedettes de l’époque : Henri Michel et Marius Trésor, gagnent 30 000 à 35 000 F par mois. Le F.C. Nantes, seul vrai rival de l’ASSE aux cours des années 70, connait des difficultés en cette année 1975, José ARRIBAS monstre sacré du club a perdu de son influence sur le vestiaire. L’entraineur peut être usé après tant d’années sur le banc de touche tente un gros coup pour retrouver son autorité naturelle sur ses canaris. Ce gros coup c’est le transfert « à tout prix » de Robert GADOCHA.

 Ce footballeur polonais avait fasciné les connaisseurs à l'occasion de la Coupe du monde de 1974. Aussi le F.C. de Nantes lui a proposé un salaire de 30 000F par mois sur trois ans et propulsé joueur vedette des canaris. Et ça les joueurs nantais vont avoir beaucoup de mal à l’accepter et ne vont jamais intégrer le polonais, qui marginalisé va s’isoler et connaitre de « mystérieuses » douleurs qui vont l’absenter souvent des terrains d’entrainement et donc des stades. Le fait que ce joueur quasi inconnu en France et qu’on a vu sur les TV seulement pendant 3 semaines touche autant qu’un Henri MICHEL qui a dévoué toute sa carrière aux canaris est mal perçu par les joueurs. Coco Suaudeau, responsable du centre de formation et véritable âme du club expliquera la situation : "A son arrivée, il a été victime d'une sorte de phénomène de rejet. Lui ne se doutait pas qu'il avait des efforts à fournir pour s'intégrer, et dans le club chacun n'a peut-être pas fait ce qu'il devait"

A l'époque José Arribas s'est peut-être rendu compte qu'il n'avait plus suffisamment d'autorité sur les joueurs pros et que cela faisait trop longtemps qu'il était à Nantes, pour en revenir à Robert Gadocha, la première saison avec Gadocha est peut-être la goutte d'eau qui fait déborder le vase, José Arribas a senti les critiques, même si ce n'était pas flagrant, il va passer la main à Jean Vincent, successeur désigné et souhaité par lui et le président.
Jean Vincent qui lui va réussir l'amalgame et obtenir un titre de champion de France avec Robert Gadocha, ou plutôt malgré Robert Gadocha, car celui-ci n'arrivera pas vraiment à s'intégrer et finira par être transféré l'année du sacre vers les Etats Unis, donc un an après le départ de José Arribas.
D’ailleurs dans l’article sur le FC Nantes champion de France 1977, Suaudeau a émis son avis sur la saison de chacun des joueurs mais par sur le polonais, un signe d’un véritable malaise et d’une très mauvaise intégration pur Gadocha.
Et puis si vous souhaitez plus d'informations sur le passage de Gadocha à Nantes, sur Arribas ou les autres joueurs nantais de l'époque, il n'y a qu'un site à aller voir  le FCN Museum gérés par les toujours très disponibles Laurent épaulé de Nicolas. Allez voir leur travail c'est vraiment formidable.

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