L'exode des polonais : Lubanski le maudit


Dernier joueur de cette mini-saga sur l’exode des polonais après le formidable mondial 1974 : Wlodzimierz LUBANSKI (voir sommaire de tous les joueurs de cette saga : l’exode des polonais ou le plan du site).
Avant de commencer, je tenais à remercier et saluer Pascal Smigiel, membre très actif de l’excellent site foot nostalgie, qui a écrit en quantité mais surtout en qualité sur le football polonais dans les années 70 et son travail m’a beaucoup inspiré ces dernières semaines pour vous parler de football polonais. Pour cet article de Lubanski, il s’agit essentiellement de son travail, je me suis contenté de l’illustrer pour vous faire partager sa passion du foot polonais, de ce formidable joueur mais aussi ses regrets sur sa carrière brisée par un hooligan en crampons.
Comme j’en suis aux remerciements, un grand merci à Claude et Nicolas pour leurs envois toujours d’une qualité irréprochable. La qualité esthétique et l’audience du blog sont toujours en progression, et ils y en sont les grands responsables et ça je ne l’oublie pas.
Maintenant place à Wlodzimierz LUBANSKI :

Dans les années soixante, quand l’équipe du Gornik Zabrze part en tournée en Amérique du Sud les journalistes péruviens et brésiliens enthousiastes écrivent : « Le Pelé blanc arrive ». Le Pelé blanc c’est Wlodzimierz Lubanski le fantastique avant centre du club des mineurs de Silésie, l’un des meilleurs joueurs polonais de tous les temps mais également le plus malchanceux ...
Né en février 1947, le jeune Wlodzimierz montre très tôt d’étonnantes prédispositions pour le football. Après avoir évolué dans les équipes de jeunes de Gliwice il attire très rapidement la convoitise des grands clubs polonais. C’est le Gornik Zabrze champion de Pologne en titre qui engage le prodige. C’est dans une équipe déjà performante que débarque, à quinze ans, le jeune Lubanski. Loin de jouer les faire-valoir il fait ses débuts en première division à seize ans et remporte son premier titre de champion. 

C’est le début d’une longue histoire pour le jeune attaquant qui dès la saison 63/64 devient l’indiscutable titulaire du poste et ne le quitte plus disputant 234 matchs de championnat avec le Gornik et inscrivant 155 buts. Il se forge un palmarès impressionnant en remportant avec son club au moins un trophée par saison de 1963 à 1972 (7 championnats de Pologne et 6 coupes). Au niveau des récompenses personnelles l’attaquant du Gornik termine 4 fois de suite meilleur buteur du championnat de Pologne.


Le Gornik Zabrze commence à obtenir des résultats intéressants dans les compétitions européennes. Lors de la saison 67/68 le club des mineurs s’incline en quart de finale de C1 face au futur vainqueur Manchester United (0-2 ; 1-0). Le point d’orgue est atteint lors de la saison 69/70 puisque l’équipe de Zarbze devient le premier, et le seul, club polonais à accéder à une finale européenne. Après avoir éliminé successivement l’Olympiakos, les Glasgow Rangers, le Levski Sofia et l’AS Roma l’équipe de Lubanski affronte Manchester City en finale. Un match au goût bizarre pour les Polonais. Alors que le score est de 2 à 1 en faveur des Anglais, Lubanski trouve le chemin des filets et égalise. Malheureusement au même moment l’éclairage du stade de Vienne est coupé et l’arbitre n’accorde pas le but polonais prétextant qu’il n’a rien vu. Le score en reste là et Manchester est déclaré vainqueur. Comme il le fait en championnat, Lubanski trouve régulièrement le chemin des filets européens avec 30 buts en 43 matchs.

En avril 1963, Lubanski devient à 16 ans et demi le plus jeune international polonais de tous les temps. Ce jour là face à la Norvège la Pologne s’impose par 9 à 0 et le jeune Wlodzimierz marque même son premier but sous le maillot des Aigles. Comme en club Lubanski va rapidement s’imposer comme un titulaire indiscutable avec l’équipe nationale. Rapidement Lubanski devient le capitaine de la sélection et c’est le brassard au bras qu’il reçoit la médaille d’or lors des Jeux Olympiques de 1972. Puis arrive cette tragique journée du 6 juin 1973 où les Polonais reçoivent les Anglais en match éliminatoire de Coupe du Monde et s’imposent sans coup férir par 2 à 0. Lubanski est à l’honneur en marquant le second but polonais après s’être joué facilement de Bobby Moore. Malheureusement quelques minutes après son but il est victime d’un attentat de la part d’un défenseur anglais. Lubanski ne se relève pas et quitte la pelouse sur une civière. Le genou en bouillie l’avant centre polonais ne reviendra pas sur le terrain. Les Polonais ayant été chercher leur qualification à Wembley, le génial Wlodzimierz va rater le rendez-vous dont tout footballeur rêve : la Coupe du monde. Ce Welmeisterschaft 74 qui aurait du lui permettre d’obtenir une reconnaissance internationale proportionnelle à son immense talent il va le suivre sur son lit de souffrance. Les techniques opératoires de l’époque n’étant pas aussi performantes que de nos jours Lubanski ne retrouvera plus jamais l’intégralité de ses capacités physiques. Donné perdu pour le football il ne porte de nouveau le maillot blanc frappé de l’aigle qu’en octobre 1976 après trois années d’absence. 

En 1978, Lubanski participe à la coupe du monde en Argentine. Titulaire au début de la compétition il est peu à peu supplanté par une nouvelle étoile montante du football polonais Zbigniew Boniek et finit la compétition comme remplaçant. En septembre 1980, dix sept ans après son début en équipe nationale, Lubanski honore sa 65ème et dernière sélection face à la Tchécoslovaquie. En cette occasion Wlodzimierz marque son 44ème but pour la sélection dont il est toujours le meilleur buteur.
En 1970 Lubanski dispute un match de gala pour l’UNICEF avec une sélection européenne. Son entente sur le terrain avec Amancio est telle que ce dernier lui demande s’il serait intéressé par un contrat au Réal Madrid. Le jeune Lubanski répond bien sur par l’affirmative. Ce transfert n’aura pourtant jamais lieu l’offre de 1 million de dollars formulée par le club madrilène ayant été rejetée par la fédération Polonaise. Ce n’est qu’en 1975 que Lubanski sera autorisé à quitter la Pologne. Certes il n’a pas encore atteint l’âge requis de 30 ans, mais les instances dirigeantes lui accordent ce bon de sortie en raison de son état physique. 

L’attaquant polonais rejoint donc les rangs de Lokeren où il reste 7 saisons. A force de volonté il retrouve un niveau plus conforme à son talent et dispute 196 matchs de championnat de Belgique avec 82 buts à la clé. A 35 ans Lubanski arrive en France. Il joue une saison avec l’US Valenciennes (meilleur buteur du championnat de D2) et termine sa carrière de joueur à Quimper en 1985. Une fois les crampons raccrochés il s’essaie à la carrière d’entraîneur mais s’aperçoit rapidement que ce métier n’est pas fait pour lui. Il retourne s’installer en Belgique pour devenir agent de joueur, métier qu’il exerce toujours actuellement. Lors du jubilé de l’UEFA, chaque pays doit choisir son meilleur joueur des 50 dernières années. C’est Wlodzimierz Lubanski qui est choisit par la Pologne. Une récompense amplement méritée pour ce joueur peut être le plus doué du football polonais mais également le plus malchanceux.

La fiche de Wlodzimierz Leonard LUBANSKI
Né le 28 février 1947 à Sosnica
1m78 ; 76 kilos
Avant centre
65 sélections - 44 buts
Palmarès :
7 titres de champion de Pologne (63-64-65-66-67-71-72)
6 coupes de Pologne (65-68-69-70-71-72)
4 fois meilleur buteur du championnat de Pologne (66-67-68-69)
Médaille d’or des Jeux Olympiques de 1972
Finaliste de la coupe des vainqueurs de coupe 1970
Lauréat du prix du fair play de l’UNESCO en 1978
Clubs :
1963-1975 Górnik Zabrze
1975-1982 KSC Lokeren
1982-1984 US Valenciennes-Anzin
1984-1985 Stade Quimpérois

P.S : Merci au tandem Claude-Cédric pour la vignette qui suit de Lubanski à Valenciennes en 1983 :


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