Jacek ZIOBER

On ne pouvait pas parler de foot polonais indéfiniment sur Old School Panini sans parler d’une des terreurs du championnat de France et des salons de coiffure de Montpellier : Jacek ZIOBER. Jacek ZIOBER est né à Lodz en 1965 et débute naturellement sa carrière professionnelle dans le prestigieux club de la ville, le LKS où s’est illustré le grand gardien Jan Tomaszewski (voir l’article sur Tomaszewski). ZIOBER est un joueur précoce et fait ses grands débuts en première division à 17 ans. Petit, trapu mais extrêmement rapide, ZIOBER est un ailier insaisissable. Même si Lodz ne joue pas les premiers rôles, ZIOBER éclabousse le championnat et est élu à 25 ans meilleur joueur du championnat. Il intègre un cercle très fermé où figure les noms de Deyna, Kasperczak, Lato ou Boniek. Cette performance lui vaut d’attirer les convoitises des clubs d’Europe de l’ouest seulement Ziober n’a que 25 ans et comme on l’a vu dans la mini saga sur l’exode des polonais, il faut avoir 30 ans pour qu’un joueur puisse quitter la patrie. Mais nous sommes en 1990 et dans tous les pays du bloc de l’est, le régime communiste s’effrite tel le système Domenech en Afrique du Sud. 

Ziober en profite et quitte le pays, baluchon sur l’épaule et débarque à Montpellier où, le toujours très politiquement correct, Loulou Nicollin l’engage pour remplacer Eric CANTONA retourné à l’OM et qui a permis à Montpellier de remporter leur seconde coupe de France de leur histoire après celle de ….1929. C’est une grosse pression sur les épaules du petit ailier polonais lorsqu’il débarque à la Mosson en cet été 90 et le polonais ne vas pas se dégonfler, livrant régulièrement, pour sa première saison, des prestations de haute volée.
Et c’est sur la scène européenne surtout qu’il va livrer ses plus beaux faits d’armes. Au 1er tour de la défunte coupe d’Europe des vainqueurs de coupes, Montpellier rencontre l’ancien vainqueur de la coupe d’Europe des clubs champions (1988) le PSV Eindhoven, et pour son premier match européen, ZIOBER inscrit le seul but des 2 rencontres et qualifie donc Montpellier qui va réaliser une superbe campagne européenne.
Voici le but de Ziober qui élimine le PSV Eindhoven :


 Au tour suivant Montpellier reçoit les roumains du Steaua Bucarest, un autre ancien champion d’Europe en 1986 grâce à son gardien Helmut DUCKADAM (voir l’article sur le héros et le dictateur). Le match aller à lieu à Montpellier et les protégés de Loulou Nicollin explose le Steaua 5-0 avec un doublé de notre Ziober. Au retour même punition, Montpellier s’impose en Roumanie 3-0 s’il vous plait, 8-0 sur les deux matchs face à une équipe championne d’Europe 4 ans plus tôt, cela dit comme je le disais plus haut, en cette année 90 tout s’effrite à l’est.
Comme la coupe des coupe ne débutait qu’au stade des 1/16ème de finale, Montpellier à droit de passer l’hiver au chaud, il connaitra un printemps européen. Un printemps délicat car il emmène les hommes de Kasperczak (ah oui j’avais oublié de le dire que c’est l’ancienne gloire du football polonais qui entrainait Montpellier et qui n’était pas du tout étranger à la venue de Ziober dans l’Hérault, à ce sujet voir l’article sur Kasperczak), donc je disais ce printemps emmène les hommes de Kasperczak à Old Trafford affronter M.U.
On ne donne pas cher des montpelliérains et pourtant ils vont plus que chèrement défendre leur peau. Le match ne peut pas plus mal débuté, M.U ouvre le score dès la 1ère minute puis hache le jeu et les diables rouges se montent toujours à la limite de la régularité. Exemple de ce fair play « à l’anglaise » Mark Hugues simule une agression de Pascal BAILLS alors que ce dernier ne l’a pas touché, l’arbitre tombe dans le jeu et expulse injustement le défenseur français alors que nous sommes toujours en 1ère mi-temps. Mais ce fait de jeu va révolter les montpelliérains et plus particulièrement notre ami Ziober, qui amène l’égalisation, ce but (CSC de Lee Martin) est l’exemple parfait du jeu de Ziober : Engagement et vitesse, un véritable poison sur son aile.
Le but en vidéo :


Montpellier impressionne et fait jeu égal avec les diables rouges toute la 2ème mi-temps bien qu’en infériorité numérique. Mieux même en fin de match sur une énième récupération-débordement de l’inusable, de l’intenable Ziober, Montpellier passe à 2 doigts de l’exploit. Au lieu de raconter je préfère vous laisser juge :


Ce Ziober est un poison mais ne suffira pas à Montpellier pour éliminer le Manchester United d’Alex Fergusson, qui viendra l’emporter à la Mosson 2-0 avec un superbe Lee Sharpe et remportera quelques semaines plus tard cette coupe d’Europe des vainqueurs de coupes (Victoire 2-1 en finale face au Barça entraine par Cruyff).

ZIOBER a été époustouflant dans cette campagne européenne et insuffle le même tempo en championnat pour être la révélation de cette saison 90/91 en division 1 où on est peu habitué à voir des attaquants de ce style. Une anecdote sur ses débuts en France, Montpellier se déplace à Gerland pour le compte de la 12ème journée et Montpellier boit la tasse en 1ère mi-temps et regagne les vestiaires avec un bon 3-0 dans les pattes et ce qui se passe à la mi-temps je laisse l’intéressé le raconter : « Lors d’un match à Lyon j’avais joué blessé. A la mi-temps je suis allé voir le kiné pour me faire injecter des antidouleurs. Nicollin est entré et il a dit :’Les mecs qui sont chez le kinés ils jouent pas !’ Moi je voulais continuer. Du coup j’ai pris mes affaires et je suis rentré directement chez moi sans regarder la deuxième mi-temps. Le lendemain, Loulou voulait nous faire rencontrer le personnel de sa société. Quand je suis arrivé, il s’est écrié’ Lui, regardez-le bien. C’est le Polonais qui a des couilles ! »
Pour l’histoire, Montpellier réussissait l’exploit ce soir de repartir avec le point du match nul (3-3) avec une remontée fantastique et un Laurent Blanc intenable, provoquant une des plus belles bronca jamais entendu à Gerland (je sais de quoi je parle, j’y étais). En tout cas l’anecdote est révèle deux vérités selon moi : Tout d’abord que Ziober était un guerrier sur le terrain, un genre de Gabi Heinze mais en attaquant et ensuite que Louis Nicollin ne sera jamais reçu par la baronne de Rothschild. A l’instant je comparais Ziober à Heinze, et je pense que c’est là que résidais la force de Ziober, il avait une attitude qu’on ne voyait en général que chez les défenseurs, alors que les attaquants de devaient d’être racés, Ziober est arrivé à séduire tout en étant l’opposé.
Jacek ZIOBER était pour moi le Trifon IVANOV du championnat de France, pas élégant sur et en dehors du terrain mais diablement efficace.

Il ne restera que 3 saisons dans l’Hérault avant de partir pour la liga espagnole plus lucrative. En revanche son choix de club ne sera pas des plus judicieux en signant chez Osasuna. SA première saison est plus que correcte 10 buts en 31 matchs mais le club descend. ZIOBER reste pendant 2 saisons à Pampelune en seconde division avant de retourner au pays, au Amica Wronki. IL ne fait qu’une saison et file aux Etats-Unis rejoindre une vieille connaissance de son époque montpelliéraine : Carlos VALDERAMA qui le convainc d’enfiler la tunique des Mutiny de Tampa Bay. Ziober accepte de terminer sa carrière en Floride et raccroche les crampons 2 ans après son arrivée à Tampa. ZIOBER à 34 ans et il aura été international de 1988 à 1993 comptabilisant 8 buts en 46 sélections.
La suite ?
C’est un poste d’entraineur de la sélection polonaise de beach soccer que lui a donné la fédération, poste qui ressemble beaucoup à un emploi fictif car je peux vous affirmer qu’il n’y a pas beaucoup de polonais qui pratiquent le beach soccer en Pologne !! Et d'un point de vue look, il a décidé de se raser la moustache et de se couper les cheveux mais le résultat n'est pas fameux tout de même.

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