Paninomorphologie - Safet SUSIC

Le FK Sarajevo

SUSIC débute en 1ère division à 17 ans au sein du club du FK Sarajevo. Meneur de jeu, il est l’archétype du joueur yougoslave, manieur de ballon hors pair, capable d'éliminer 3 défenseurs dans un mouchoir de poche. Seulement SUSIC se démarque de ses compères par une excellente vision du jeu et joue toujours juste alternant conservation du ballon et jeu rapide. Rapidement le modeste club de SARAJEVO, joue les premiers rôles dans le championnat Yougoslave et Susic lui intègre la prestigieuse sélection Yougoslave à seulement 22 ans. Il participe à la coupe du monde 1982 mais la Yougoslavie est éteinte lors du mondial espagnol. SUSIC toutefois se fait remarquer et les clubs européens essayent de l’attirer. C’est le PSG qui rafle la mise, cependant l’affaire se compliquera. En effet SUSIC à 27 ans mais la loi Yougoslave n’autorise ses joueurs à quitter le pays qu’à l’âge de 28 ans, une fois les obligations militaires abrogées, SUSIC passera une année sans jouer.


Le Paris Saint Germain

A Paris, le club devient une valeur sûre du championnat de France notamment après sa victoire en coupe de France face aux verts (saison 82-83) et Susic lui ne tarde pas à s'illustrer notamment dans la conservation de ce prestigieux trophée, le premier du club. Après seulement quelques mois en France, voici une déclaration de son coéquipier Luis Fernandez. Cette intervention est faite juste après la demi-finale aller de coupe de France 1983, remportée facilement par les parisiens au Parc face à Tours (4-0) avec un énorme Susic : « Depuis qu'il est là nous n'avons plus jamais perdu deux matchs de suite. A mon avis c'est le joueur étranger qui s'est le plus vite adapté à notre football. Entre les buts qu'il a marqués et ceux qu'il a fait marquer, quelle efficacité ! O le critique souvent en disant qu'il ne va pas chercher les ballons. Peut être mais quel rayonnement dans la zone décisive ». Le club sous l’impulsion de son génial meneur de jeu, remporte donc la finale de la coupe de France face à la meilleure équipe du pays alors : le FC Nantes. Malmené, au bord du K.O, c'est Susic qui sonne la révolte. Tout d'abord en égalisant d'un but superbe au début de la seconde période puis en délivrant un caviar à Toko à 9 minutes de la fin pour une victoire 3-2, inimaginable à la pause. Ce fût le dernier match entrainé par Peyroche qui allait céder sa place à Lucien LUDUC. Mais après une saison plus que moyenne Peyroche revient sur le banc mais ne fait pas mieux que son successeur. Pendant ce temps là Susic alterne le génial et le moins bon. Alimentant l'eau du moulin de ses détracteurs qui ne se privent pas de dire qu'il choisit ses matchs. On ne lui pardonne guère qu’il passe complètement au travers de la finale de coupe de France 1985 face à Monaco. Jean-Luc Ettori après cette fameuse finale, dévoilait le plan « Anti-Susic » : « il fallait neutraliser Susic et surtout le décourager, l'agacer pour qu'il persiste dans ses erreurs. Il est tombé dans le piège. Très souvent, Bravo et Gneghini l'ont contré au départ et lorsqu'il s'en sortait, il tombait sur Bijotat qui devait lui couper sa course. A chaque fois, il essayait de filer dans l'axe et il se retrouvait complètement emprisonné. Notre système défensif a parfaitement fonctionné ». Un système qui se doit d’être très rigoureux car il suffisait d’un moment de relâchement pour que le bosniaque trouve la faille et change le cours d'un match. Au cœur de la crise de résultat du PSG en 1985, c’est son coéquipier Toko qui l’expliquait : « Safet, c'est Safet. On ne le changera plus. Il peut tout rater pendant 89 minutes et te réussir un truc extraordinaire à la dernière minute. Quand Susic est bloqué, c'est toute l'équipe qui est diminuée. Quand il n'est pas en mesure de distribuer ses passes décisives, notre attaque boite ». Mais quand Susic était dans un grand soir, c'était tout le PSG qui jubilait et devenait euphorique comme lors d'un match de championnat (84-85) au Parc face à Bastia où il délivre cinq passes décisives et le PSG enfume les corses 7-1 ce soir là.

Mais après deux saisons blanches pour le PSG, la saison 1985-86 sera celle du sacre avec le premier titre de champion de France de son histoire. Le jeune « professeur » Gérard Houiller, nouvel entraineur tout neuf du PSG est dithyrambique avec son meneur de jeu. Voilà ce qu’il disait de lui à la fin de cette saison historique pour le club de la capitale : « Sous des aspects ombrageux, c’est l’homme le plus délicieux, le plus agréable à vivre et el plus facile à entrainer. Sa richesse tactique est incroyable, il peut jouer dans une multitude de registres. Joueur de 1er plan, il ne rate pas ses rendez vous. J’aime les créateurs et lui crée toujours. Il faut être indulgent avec cette race. C’est vrai qu’il faut quelquefois équilibrer l’équipe autour de lui, mais quel talent et quelle volonté ! L’année dernière à Auxerre, il était marqué par un excellent Friard, qui ne le lâchait pas d’une semelle. Safet ne s’en sortait pas, mais jamais il n’abdiquait. Sans cesse il essayait quelque chose et, après 1h15 de jeu, Friard a craqué. Susic nous fait marquer le seul but du match. C’est un homme fier, absolument pas capricieux, et sur qui on peut compter. La preuve, il n’a manqué qu’une seule rencontre ». Le comble de l’histoire, c’est que la saison suivante, le PSG est catastrophique, éliminé au 1er tour de la coupe d’Europe des clubs champions par les inconnus du TJ Vitkovice, champions de Tchécoslovaquie. HOUILLER balance toute la responsabilité sur son meneur de jeu et la saison suivante il le sort de l’équipe, le PSG lutte alors pour le maintien et HOUILLER y laissera sa peau. Il est remplacé par Timoslav IVIC l’entraineur qui a inventé en France la défense à 8 devant le gardien. Mais il remet SUSIC dans le bain et ce dernier retrouve à 35 ans son meilleur niveau, le PSG dispute le titre jusqu’au bout à l’OM.


Avec la Sélection

Sa seconde jeunesse au PSG lui permet de réintégrer la sélection Yougoslave, qu'il ne fréquentait plus et de participer au mondial italien. Les Yougoslaves ont une équipe impressionnante et SUSIC est chargé avec Dragan « Pixie » STOJOKOVIC d’animer le jeu des yougoslaves. Malgré une rouste 4-1 face aux allemands d’entrée, les Yougoslaves se ressaisissent et impressionnent. Susic donne l'impression de jouer au ralenti mais son association avec le jeune Stojkovic est efficace. En ¼ de finale ils dominent l’Argentine de Maradona, championne du monde en titre mais Goycochea réduira à néant tous leurs espoirs dans une séance de tirs aux buts dramatiques pour les yougos. Dommage car ce fût la seule compétition où la Yougoslavie du temps de Susic s'illustrera.


A l’issue de ce mondial Safet tire sa révérence avec la sélection yougoslave et se consacre uniquement au PSG mais ses jambes sont lourdes et il accepte à 37 ans une dernière pige au Red Star alors en division 2. Michel ROUQUETTE son nouvel entraineur du club de la Porte de St-Ouen ne cache pas son enthousiasme : « Même au plus bas de sa forme, Susic sera toujours titulaire. Il peut, à quelque moment que ce soit, influer sur le cours du jeu. Un vrai régal ! ». Il arrête sa carrière à 37 ans après 20 saisons de professionnalisme et a été élu par France Football meilleur joueur de l’histoire du PSG. Pour conclure ce sujet un petit best of de deux minutes sur ses débuts en Yougoslavie. Le dernier but de la vidéo avec Sarajevo est superbe. Un une-deux sur tout la largeur du terrain conclut par une reprise de volée. Un régal. Les slaloms face à l'Argentine sont pas mal non plus, dommage que le gardien argentin se déchire toutefois.


P.S : Thanks Zoran for the Sarajevo period's stickers

3 commentaires:

  1. Le safet ce soir va nous aider a égaler ce record vieux de 80 ans de 5 défaites consecutives

    RépondreSupprimer
  2. Et bien non, belel victoire des français même si la Bosnie de Susic a été particulièrement faible (notamment au milieu de terrain)

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...