Paninomorphologie - Chris WADDLE


Gros client capillaire pour la paninomorphologie avec Chris "Magic" Waddle, des débuts à Newcastle à la béatification au Vieux Port, retour sur sa grande carrière, parce qu’il le vaut bien.
Chris WADDLE est né en 1960 dans la banlieue de Newcastle mais il ne débutera pas tout de suite sa carrière au Magpies. Chris évolue en jeunes dans différents clubs de la région de Newcastle mais n’arrive pas à forcer les portes des clubs pro malgré plusieurs essais à Sunderland ou Coventry.
A l’école ce n’est pas fameux, Chris grandit dans les quartiers populaires de Newcastle et préfère taper le ballon que d’aller en cours, résultat : à 16 ans il stoppe l’école sans aucune formation particulière. Comme il faut gagner sa croute, il rentre comme simple ouvrier à la chaine dans une usine de saucisse. 

Le turbin la semaine et le dimanche il joue dans des clubs semi-pros pour une poignée de livres-sterling. Des livres sterling que le grand adolescent timide et maigre dépense intégralement dans les pubs de son quartier. A cette époque Chris ne croit plus beaucoup à ses rêves de footballeur, et se rapproche dangereusement du hooliganisme. Dans les pubs il sympathise avec les supporters de Sunderland, la frange dure qui réunit les prolos anglais. Waddle se reconnait en eux mais c’est sa timidité qui va le sauver. Il a du mal à s’intégrer au groupe et ne prend pas part aux virées des hooligans de Sunderland quand ceux-ci décident d’aller se friter avec d’autres hools du coin. Jugé trop distant et ne s’impliquant pas assez il est exclu du groupe. Chris décide alors de tout donner pour le foot. 

Il s’entraine comme un forcené et les recruteurs commence à jeter un œil sur ce grand gamin. Et finalement il signe à Newcastle United, qui végète alors en D2 anglaise, contre 1 000 £ (soit environ 10 000 francs à l’époque). A l’issue de la saison 1983-84 le club gagne son ticket pour jouer en élite, Chris à 24 ans et c’est lors de la saison 1984-85 qu’il va se révéler au grand public. Dans un championnat rugueux sa science des dribles fait mouche et au printemps 1985 il connait les honneurs de sa première élection. A la fin de sa première saison en élite, il est alors débauché par un grand club de l’époque : les Tottenham Hotspurs, récents vainqueur de la coupe UEFA (1984). Waddle rejoint un effectif riche en internationaux à White Hart Line, il y côtoie Glenn Hoddle, Osvaldo Ardiles ou encore les frères Allen. 

Les Spurs pour s’attirer les services de Waddle débourse la somme de 590 000 £ (presque 6 millions de Franc de l’époque) et au passage on peut noter la belle plus value réalisée par Newcastle.
Dans la capitale anglaise, Waddle continue sa progression et son choix de carrière s’avère judicieux, en effet il fait parti du groupe qui va jouer la coupe du monde au Mexique. Si il est titulaire les 2 premiers matchs, ses prestations moyennes lui font perdre sa place pour le second tour, il disputera tout de même les 30 dernières minutes du ¼ de finale contre l’Argentine

Tottenham dans les années 80 est un club qui attire les internationaux mais qui collectionne les places d’honneur depuis cette victoire en UEFA : Vice champion en 1985 et 1987, finaliste de la Cup en 1987 mais pas de titre majeur pour Chris et sa bande. Et du coup Waddle s’ennuie dans ce championnat rugueux, son salut va venir de son grand pote Glenn Hoddle (avec qui il a enregistré un disque bien avant de la faire avec un certain Basile B.). Glenn Hoddle, autre magicien du ballon rond (voir article Old Scool Panini sur la moustache de Glenn Hoddle) débarque à Monaco en 1987 et pour sa première saison le club de la principauté remporte le titre et Hoddle impressionne, il est élu meilleur joueur étranger du championnat. La saison suivante il claque 18 buts en championnat, l’ASM finit 3ème en s’essoufflant sur plusieurs tableaux. Et à l’été 89, voyant son pote « magic » Chris avoir le blues, il lui conseille de venir en France en lui disant ces mots : « En France, on s’amuse avec le ballon ».

Waddle va donc quitter les spurs pour Marseille et son OM. Waddle va devenir une grande star à Marseille mais si le public français le découvre, lui tient à faire cette précision sur sa carrière à Tottenham, extrait d’un France Football de l’été 1991 : "lorsque j'ai accepté de venir à Marseille, c'est par rapport à la formidable offre du président marseillais. Cela mettait ma famille à l'abri du besoin. Un facteur primordial .... Avant de venir à l'OM, j'ai passé 4 ans à Tottenham. J'ai un peu raté la 1ère année. Mais les 3 autres ont été très bonnes. La dernière en particulier. Je sais qu'on dit en France que je joue bien seulement depuis que je suis à l'OM. Mais je peux vous garantir que c'est totalement faux ..."

Arsène WENGER, alors manager de Monaco, va dans le même sens (déclaration faite en 1993) : "je l'ai découvert en 87-88. Il jouait avec Hoddle, Hodge et les frères Allen.... on a engagé Hoddle et posé les jalons pour Chris la saison suivante. Le problème, c'est que Tottenham a prolongé son contrat de 5 ans et le montant du transfert devenait impressionnant. Puis, quand il a quitté l'OM, on était prêt à lui proposer 2 ans de contrat. Seulement, Sheffield a doublé cette durée et Chris voulait rentrer au pays. Puis, Monaco a entrepris une tournée dans les îles en mai dernier. On s'est retrouvé avec Goldmann et Mickael Jones, c'est un grand copain de Chris. Il a téléphoné de Martinique à son manager. Il a essayé de nous aider ... Malheureusement ... "
Le point qu’aborde l’actuel manager d’Arsenal est intéressant, car le transfert de Waddle a fait couler beaucoup d’encre à son époque mais aussi longtemps après.

Tout d’abord l’intérêt marseillais pour Waddle surprend en France car le public ne connaît pas encore le gaucher virevoltant mais surprend aussi en Angleterre. Voici les propos d’un journaliste du Guardian de l’époque : " lorsque Bernard Tapie a mis sur la table 4.5 millions de livres pour s'attacher les services de Chris, tout le monde a cru à un gag "
En fait ce qui surprend les anglais c’est la somme dépensée par Nanard ! 4.5 Millions de livres (45 millions de francs) : 3ème plus gros transfert de tous les temps à l’époque après celui de Maradona à Naples et de Ruud Gullit au Milan. Pour les journalistes anglais, quand les recruteurs de l’OM étaient de passage à White Harte Line c’était forcément pour voir à l’époque le meilleur joueur du pays : Un certain Paul Gascoigne !! Alors on ne comprend pas que le plus gros transfert en Angleterre soit pour un joueur moins important, même si Waddle est un international confirmé et un des joueurs vedette du championnat anglais.

Mais les journalistes anglais, vont reconnaître leur erreur rapidement, lorsqu’il traitait Tapie de fou, le même journaliste du Guardian, ajoutera : " En fait, il faut être honnête. Waddle a été bien mieux utilisé depuis son arrivée à l'OM. A Newcastle ou Tottenham, il touchait un minimum de ballons négociables. En France, il n'arrête pas d'être sollicité. La différence est énorme "
Mais c’est vrai que c’est une somme à l’époque 45 millions de francs et la façon dont va-les sortir Nanard va faire couler beaucoup d’encre et pas seulement de la part des journalistes, en effet ce transfert va également chauffer les poignets des greffiers du tribunal de Béthune. Pour faire simple et sans rentrer dans le détail de toute l'affaire TESTUT, voici la partie qui concerne Waddle : Tapie récupère en 1983 l’entreprise de pesage TESTUT, et en 1989 TESTUT fait un prêt de 21 millions de Francs qui sert au transfert de Waddle. 

Le problème c’est que Tapie nie que cette somme a servi au transfert du joueur anglais alors que les perquisitions faites prouvent le contraire et pour le juge cela devient un prêt non déclaré. Dès son immunité levée (Tapie est alors député), l’ancien ministre de la ville est alors mis en examen pour abus de biens sociaux et est condamné le 1er juillet 1996 par le tribunal de Béthune, à deux ans de prison avec sursis, à 300 000 francs d'amende et à cinq ans d'interdiction de gérer.
Sans vouloir faire la fine gueule, on pourrait se dire que la venue de Waddle en France valait bien quelques tours de passe-passe mais le problème de l’affaire Testut, c’est que Tapie ne s’en occupait pas alors qu’elle était fleurissante et se servait des fonds pour d’autres raisons que son développement. Pour preuve il n’a donné aucun abonnement au Vélodrome pour les salariés de Testut. D’un côté le gros de l’entreprise était basé à Béthune dans le Pas de Calais mais rien ne l’empêchait de faire visiter à Chris Waddle les locaux de l’usine, je pense que ça aurait fait plaisir aux ouvriers de voir le joueur qui a été acheté grâce à l’argent de leur labeur ! Pour la petite histoire, Tapie en 1995 étant débiteur du Crédit Lyonnais, c’est ce dernier qui cède le groupe, qui sera baladé de groupe en groupe en se faisant dilapider de tout son actif et sera finalement dissout en 2003 laissant des centaines d’employés sur la paille.
Fin de la parenthèse. Car à Marseille, Waddle va mettre tout le monde d’accord et surtout le public du Vélodrome mais des autres stades aussi. Coéquipiers, supporters et adversaires, tous sont admiratifs, extraits :

Bruno GERMAIN en 91, coéquipier à l’OM : " je m'entends bien avec Chris Waddle. Ma femme parle couramment l'anglais et moi je me débrouille. Alors, on va déjeuner tous ensemble, à droite ou à gauche. Il est d'une simplicité totale. Le principal, c'est qu'il ait en poche 50 ou 100 balles pour payer sa tournée .... "
Autre coéquipier, Abedi Pelé, toujours en 91 : " Chris est vraiment quelqu'un de très sympathique. De très ouvert. Je n'a jamais vu une personne faire autant l'unanimité. C'est phénoménal. Il est aimé par tout le monde ..."
Son grand pote Basile Boli, avec qui il avait le "feeling", en mai 1993 : " le soir de notre qualification pour Bari, Chris et moi, on est restés 6 heures ensemble dans ma voiture. Il m'a regardé et m'a dit : " Basile, je veux que tu viennes à Newcastle, que tu voies où j'ai vécu toute ma jeunesse, que tu voies la tombe de mon père." J'ai dit : " quand tu veux, je viens ..."
Un supporter en 1991 : " si un jour, Waddle se présentait à la mairie de Marseille, il ferait l'unanimité moins une voix. La sienne. Parce qu'il est encore trop modeste pour voter pour lui ! "
Son adversaire à Monaco, Luc Sonor en avril 1992 : " quand tu joues Chris Waddle, il ne faut pas penser qu'il est devant toi. C'est un monstre. Un génie. C'est le top. Je ne suis pas du genre à me faire un film mais, quand je le rencontre, j'ai comme une appréhension ... si il jouait avec nous ce serait magique. Je le compare à Hoddle, un grand monsieur, qui a tant apporté à Monaco ..."

Waddle est une idole ! En sélection c’est un joueur incontournable et l’Angleterre brille au mondial 1990. Waddle est au sommet de son art mais l’équipe aux trois lions échoue en demi-finale face à la RFA (Old School Panini est revenu en long et en large sur cette rencontre dans l’article : Allemagne – Angleterre 1990 et le rôle prépondérant de Waddle dans ce match, tragique pour lui)

Waddle, grâce à la coupe du monde et aux exploits de Marseille en coupe d’Europe (ces deux matchs face au Milan en 1991 restent dans toutes nos mémoires) en font une star internationale du ballon rond. Mais la finale perdue à Bari face à l’Etoile Rouge et l’élimination à l’automne suivant face à Prague en 8ème de finale juste avant la 1ère phase de poule de l’histoire de la ligue des champions scelle son sort sur la Canebière.
En Mai 1993, Waddle revient dans France Football sur son départ : " après un match contre VA en Coupe de France, au mois de février, Bernard Tapie m'a dit : " C'est fini Chris ! Tu pars à la fin de la saison " ... Il m’avait prévenu qu'il voulait changer ses 3 étrangers, à savoir Mozer, Steven et moi. Je ne souhaitais pas quitter l'OM. Le public y est formidable, c'est vrai. Il n'y a qu'avec le public de Marseille que j'ai eu un rapport de complicité comme celui-là. Dans tous les stades de France, j'étais bien accueilli, applaudi. Je crois que le public n'avait pas l'habitude voir un joueur souriant, heureux de jouer. On disait : "quel clown, quel artiste !". Pour moi, pendant 3 ans, ça a été le paradis. Je ne souhaitais pas partir. J'aurais bien resté en France et à l'OM mais on ne m'a pas laissé le choix "

Le départ de Waddle est une surprise mais le « boss » l’avait décidé et personne ne contredit le boss !! « Magic » Waddle retourne en Angleterre sans qu’une seule voix s’élève ! Le seul qui va l’ouvrir (mais il ne restera pas longtemps à l’OM) c’est l’argentin Leonardo RODRIGUEZ : " la façon dont ils se sont séparés de Waddle m'a choqué. Un joueur comme lui, qui avait tant donné à l'OM ! Ça confirme ce que je disais sur les sentiments : ils n'ont pas leur place à l'OM. Le fait d'avoir bien travaillé ne compte pas. Les dirigeants ne raisonnent qu'en fonction de l'équipe, qu'ils veulent monter pour la saison prochaine ..... "
Waddle a pourtant de beaux restes, en 1993, pour son come back en premier league, il est élu joueur de l’année par ses pairs alors qu’il évolue dans la modeste formation de Sheffield Wednesday et il mène les Owls (chouettes) en finale de la FA Cup et de la coupe de la League, malheureusement comme à Tottenham, Waddle connaitra l’échec en finale, en perdant les deux matchs à Wembley face au même adversaire : Arsenal

Ensuite à 33 ans Waddle s’essouffle et rentre dans le rang, en 1996, il refuse de faire une énième pige à Martigues qui évolue alors en 1ère division, mais il préfère rester en Angleterre et signe à Burnley. En 1997, il deviendra même entraineur-joueur, et en 1998 il fera une pige comme entraineur de Sheffield Wednesday alors en division 2. Aujourd’hui il n’entraine plus d’équipe et ne joue plus au ballon, du coup il a pris un peu de poids et ça se voit quand il prend le TGV Paris-Marseille pour revoir ses potes de la Canebière.

7 commentaires:

  1. J'adore tes articles Paninomorphologie.
    J'ai hâte de voir le prochain car il y a de sacrés clients (Wiltord par exemple).

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  2. Merci JP et merci de me donner des idées, je suis toujours preneur

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  3. encore une fois un belle article, surtt la parenthèse sur l'entreprise du nord pas de calais...
    a quand un article sur vampeta?

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  4. Vampeta ?? j'ai bien ces vignettes le problème c'est que je ne lis pas les articles qu'on écrit sur lui dans une certaine presse

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  5. Waddle c etait la grande classe quand même ...

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  6. Alex une idée pour une prochaine série d article : les paninopornographie
    Avec benzema - govou - ribery comme trio magique autour de zahia
    Ronaldo et ses potes transexuels
    La bandede chelsea et leurs aventures extraconjuguales

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  7. Ribery et Tevez sont sur ma liste c'est sur !!

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