Antonin PANENKA

Antonin PANENKA a laisse son nom à la postérité en réalisant en 1976, en finale du championnat d’Europe un tir au but décisif offrant la victoire à son pays. Il fut le premier à  réaliser ce penalty, cette feuille morte en plein centre de la cage, imité et copié depuis,dans le monde entier . Plus que le geste technique c’est  le contexte dans lequel il le réalise qui est le plus fou !! Old School Panini revient d’abord sur le parcours de la Tchécoslovaquie jusqu'à ce tir au but décisif avant d’en expliquer la genèse !
La Tchécoslovaquie est une nation maudite du football jusqu’en 1976, elle a perdu 2 finales de coupe du monde en 1934 et 1962 et une demi-finale du championnat d’Europe en 1960. La Génération de PANENKA va faire rentrer la Tchécoslovaquie dans l’histoire !

On ne donne pas chère de leur peau lorsqu’ils arrivent en finale face à la grande équipe d’Allemagne. La RFA à l’époque est championne d’Europe et du monde en titre. Elle domine le football mondial et elle est la seule équipe a avoir stoppé la grande Hollande lors du mondial 1974 (Voir l'article Old school Panini sur la Hollande de 1974). Même si l’Allemagne arrive en Yougoslavie sans le meilleur buteur de son histoire, Gerd Muller à pris sa retraite internationale a seulement 28 ans après la finale de Munich, (voir l’anecdote sur l’article de Gerd MULLER) elle fait figure d’épouvantail.
Mais la Tchécoslovaquie n’est pas en finale par hasard !! Elle est sorti première de son groupe qui comprenait l’Angleterre et le Portugal. Ensuite à l’époque les premiers de chaque groupe (8) se rencontraient en ¼ de finale qui se jouait en aller retour. Les 4 vainqueurs disputant la phase finale en Yougoslavie qui commençait directement par les demi-finales, autre époque.
En phase de poule pourtant tout démarre mal pour les tchécoslovaques qui sont défaits lourdement pas les Anglais 3-0 à Wembley. Et c’est Antonin Panenka qui va sonner le vent de la révolte, au match suivant la Tchécoslovaquie devant à peine 5 000 spectateurs à Prague défait les modestes Chypriotes 4-0 mais Panenka s’illustre s’offrant un triplé ! Ensuite les tchécoslovaques déroulent face au Portugal (5-0) et surtout, s’offrent une revanche contre l’Angleterre (2-1) pour le match décisif. Cette victoire offre à la Tchécoslovaquie le privilège d’affronter le grand frère soviétique en ¼ de finale.

En ¼ de finale l’URSS d’Oleg Blockhine fait figure de favorite. Cependant les tchécoslovaques maitrisent la première manche à Bratislava devant plus de 50 000 supporters déchaines. La Tchécoslovaquie domine le grand frère dans une victoire qui dépasse le domaine sportif. 2-0 avec un second but de Panenka !
Le match retour un mois plus tard a lieu dans une ambiance tout aussi chaude, la rencontre à lieu à Kiev devant plus de 100 000 spectateurs mais les co-équipiers de PANENKA refroidissent le stade central de Kiev (actuel Stade Olympique) en marquant à 2 reprises (score final 2-2). Les tchécoslovaques iront disputer la phase finale du championnat d’Europe 1976 en Yougoslavie.
Soutenu par le public yougoslave, les tchécoslovaques affrontent en demi-finale la grande équipe de Hollande (voir l'article sur Hollande 1974) de CRUYFF et NEESKENS. A la surprise générale, les tchécoslovaques l’emportent 3 à 1 en prolongations et gagne ainsi leur billet pour cette finale méritée tant leur parcours n’a pas été une sinécure.

En finale, les tchécoslovaques pensent avoir fait le plus dur en menant 2-0 au bout de 25 minutes. Mais les allemands ne sont pas du genre à se laisser abattre et nous français ne le savons que trop bien. Dieter Müller réduit la marque à la demi-heure de jeu, avant que Hölzenbein égalise à la toute dernière minute du temps réglementaire. Ce scenario aurait pu abattre les tchécoslovaques mais ils tiennent fort en prolongations et la finale du championnat d’Europe, pour la première fois de son histoire, va se jouer aux tirs aux buts !!
La tension est à son maximum, les tchécoslovaques dégainent les premiers dans cette séance. Les 6 premiers tireurs ont de la glace qui coule dans leurs veines et aucun ne craque. Le 4ème tireur tchécoslovaque s’avance et ne tremble pas, 4-3 dans cette séance pour la Tchécoslovaquie avant que Uli Hoeneß, l’attaquant du Bayern ne craque et offre à PANENKA dernier tireur tchécoslovaque la possibilité d’offrir à son pays un son premier trophée national, 42 ans après leur première finale de coupe du monde. La suite vous la connaissez et plutôt que de la décrire, voici ce fameux penalty qui entrera dans l’histoire en vidéo :


Plein de sang froid et avec une grande maitrise technique Panenka méduse les 30 000 spectateurs du « Marakana » de Belgrade. Sepp MAIER aussi.
A l’issue de la rencontre le roi Pelé dira de Panenka que « cet homme est soit un fou soit un génie »...
Mais si on se replonge dans l’histoire et la carrière d’Antonin PANENKA, on peut s’apercevoir que cet acte de génie ou de folie était prémédité !!

Le meneur de jeu de la Tchécoslovaquie a débuté et réalisé pratiquement l’essentiel de sa carrière au Bohemians de Prague, le club des ouvriers de la ville et le plus populaire du pays bien qu’à l’époque son palmarès est vide.
Ce club est un monument du football tchèque. 1905 est l'année de son inscription sous le nom AFK Vrsovice à la Fédération tchèque de football, qui ne comptait alors que quatre membres (Sparta, CAFC Vinohrady, SK Zizkov et SK Cesky Brod). 1927 : année d'une légendaire tournée en Australie pour le club, qui prend le nom de AFK Bohemians pour que les locaux sachent qu'ils viennent de Bohême et surtout pour qu'ils puissent prononcer le nom de l'équipe. Tournée triomphale que cette virée en Océanie, d'où les Praguois reviendront avec deux kangourous, le marsupial étant resté depuis le symbole du club.


Et c'est sur la pelouse du stade de Vrsovice, Dolicek, qu'Antonin Panenka a travaillé à l'entraînement ce qui allait devenir « la panenka ». Voici ce que raconte le principal intéressé :
« J'ai inventé ce pénalty ici, sur la pelouse de Bohemia. Après chaque entraînement je faisais des concours avec le gardien Hruska. Je tirais des pénaltys et on jouait pour des bières ou du chocolat mais il gagnait toujours parce que c'était un bon gardien. Alors j'ai commencé à réfléchir à une manière de le battre, et je me suis aperçu qu'en levant un peu la balle au centre du but, il était difficile pour le gardien qui avait anticipé sur un côté de revenir. C'était deux ans avant la finale de Belgrade. L'inconvénient, c'est que j'ai commencé à grossir, en gagnant à mon tour chocolat et bières... »

Outre le fait que Panenka ait le sens de l’humour, les propos démontrent bien qu’il y avait préméditation. Surtout que pendant ces 2 années il reproduira en championnat de geste qu’il exerce à l’entrainement. Ne dit on pas qu’on joue comme on s’entraine ? Donc le tir au but en 1976 n’est pas la première « panenka » de Panenka et il donne une explication sur le fait qu’il est tenté à nouveau en finale sans trembler devant Sepp Maïer : « Je l'avais entraîné (la « panenka » ndlr) à des dizaines de reprises, y compris en championnat. Mais à l'époque, il n'y avait pas d'espion dans les tribunes, encore moins de télévisions étrangères. Nous vivions derrière le rideau de fer, dans un monde clos, j'étais un parfait inconnu.»
Panenka a peut être trouvé le seul côté positif du communisme en Tchécoslovaquie ! car après une carrière exemplaire aux Bohemians de Prague et en sélection, PANENKA a une autorisation de quitter le territoire pour jouer dans un club étranger. A l’époque du bloc de l’est ce privilège est très rare mais PANENKA l’obtient pour service rendu à la nation. A 33 ans (oui on est loin de la classe biberon de la french Connection dans le calcio, qui partait à peine après avoir posé leurs cartables du centre de formation) il rejoint le Rapid de Vienne (club qui accueillera plus tard une autre légende du Old School Panini : Trifon IVANOV). Il y restera 4 saisons et remportera 2 titres de champions d’Autriche. Pour l’ironie de l’histoire, ce titre national qui n’a jamais réussi à remporter avec les Bohemians de Prague en 13 saisons au plus haut niveau, le club de la capitale le remporte finalement en 1983, deux saison après que Panneka ait quitté le club !!

Panenka et le Rapid de Vienne échoue en finale de la coupe des coupes en 1985 face à Everton (défaite 3-1), Panenka mettra fin à son histoire avec le Rapid à la fin de cette saison. Il restera en Autriche et jouera quelques saisons dans des clubs en division inférieure.
Meneur de jeu prolifique, Panenka, aura au cours de sa longue et riche carrière inscrit 318 buts en 678 matchs avec les Bohemians toutes compétitions confondues. En Autriche son ratio est impressionnant bien qu'il arrive âgé en Autriche, 63 buts en 127 matchs ! En sélection il comptabilisera 59 capes et inscrira 17 buts pour son pays. Impressionnant quand on sait qu'il jouait milieu de terrain.

Aujourd’hui il est au Bohémians de Prague, il en est l’actuel président mais le club est loin de jouer les premiers rôles comme à son époque. En effet, en 2005 le club, 100 ans après sa création, a failli déposer le bilan. Il sera sauvé par une association de supporters qui lance un appel de fond. Relégué le club va se reconstruire pour retrouver en 2007 la 1ère division tchèque. PANENKA en est l’actuel président et le club a fini 12ème la saison dernière sur 16 équipes.




1 commentaire:

  1. Il dit qu'il pariait des bières ou du chocolat lors des entrainements mais quand on voit sa tête aujourd'hui il a pas du souvent choisir le chocolat !!

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