Plus connue sous le nom
de la guerre des 100 heures. Cette guerre eu lieu en juillet 1969
entre le Salvador et le Honduras. Si le foot n’est pas la cause de
ce conflit armé, il en est le catalyseur. Je vais revenir que sur
ces 3 matchs de football qui ont déclenché cette guerre. Hors de
question d’expliquer ici l’origine sur les tensions accumulées
entre les 2 pays et de lancer un débat
génético-polito-territorio-démographique ici et même si les faits
évoqués dans ce sujet sont graves j'ai pris le parti de les traiter
avec légèreté et humour.
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Illustration de la guerre du football par Gonzalo Rodriguez |
Donc pour placer rapidement le contexte
géo-politique, il faut juste savoir, qu’avant cette guerre, le
nationalisme monte dans chacun des deux pays et les dirigeants
rejettent sur le voisin tous les maux que connaissent leurs pays. Le
Salvador est très peuplé et manque de terres ainsi beaucoup de
paysans émigrent vers le Honduras. Au Honduras on rejette violemment
cette immigration illégale. Les journaux salvadoriens amplifient ces
violences et ces exactions envers leurs compatriotes.
Donc c’est sous haute
tension que va avoir lieu la première des trois rencontres qui va
opposer les deux nations avant la guerre. Cela se passe lors des
éliminatoires pour la coupe du monde au Mexique qui aura lieu un an
plus tard. Ce match se déroule à Tegucigalpa, la capitale du
Honduras et il fut perturbé par de nombreux incidents. Tout d'abord
sur le trajet qui les mènent l'équipe Salavadorienne à son hôtel,
des clous furent renversés sur la route par des manifestants (une
grève des enseignants, et il est difficile de savoir si ce geste
était pour attirer leur attention sur leurs revendications ou si il
visait l’équipe salvadorienne). Les Salvadoriens, mécontents se
répandirent en insultes et la tension monte entre les joueurs et la
foule hondurienne. En réponse, les supporters honduriens campent
sous les fenêtres de l'hôtel de la délégation salvadorienne et
empêchèrent les joueurs de dormir pendant toute la nuit précédant
le match. Inutile de dire que le match était électrique. Le
Honduras remporte cette première manche 1-0 avec un but à la toute
dernière minute ! Là ça va commencer à bien chauffer, pour preuve
: Désespérée, une jeune Salvadoriennne, supportrice de son équipe,
qui avait fait le court déplacement chez le pays voisin, se tira une
balle dans le cœur. Le corps fut rapatrié, ses obsèques furent
décrétées nationales, et suivies par le Président et le
gouvernement du Salvador. Rien que ça !
Arrive le match retour,
sous haute surveillance militaire. Les supporters salvadoriens sont
chauds comme des baraques à frites et l’image va prendre tout son
sens avec la suite des événements. Si les supporters du Honduras
ont empêchés les joueurs du Salvador de dormir la veille du match
aller en gueulant comme des putois sous leurs fenêtres d’hôtels.
Les supporters salvadoriens, qui ne jurent que par vengeance, se
doivent de répliquer et si possible frapper encore plus forts que
les « hinchadas » du Honduras. Donc les supporters
salvadoriens se rendent à l'hôtel des joueurs du Honduras et ils ne
vont pas y aller avec le dos de la pelleteuse, en effet ils ne
trouvent pas mieux que de brûler l’hôtel où les joueurs du
Honduras dorment !! La délégation et les joueurs du HONDURAS change
d’Hôtel en plein milieu de la nuit et les joueurs, exténués, se
font étrillés 3-0 le lendemain. Seulement on ne va pas en rester
là. Dans le stade il y a des supporters du Honduras qui ont fait eux
aussi le déplacement et les gradins vont être le théâtre
d'incidents très violents qui vont se solder avec un bilan
dramatique de deux morts chez les supporters visiteurs. Un hôtel
brûlé, deux supporters visiteurs tués, le bilan est très, très
lourd. De l'autre côté de la frontière, où vivent des milliers de
salvadoriens, on ne va pas suivre ces événement tragiques en
restant les bras croisés. A peine le match est terminé que le pays
connaît des lynchages et des exactions, avec une police très
passive sur les faits et font plusieurs dizaines de morts dans les
jours qui suivent le match retour sanglant.
Arrive le troisième et
dernier match, un match d’appui car les deux équipes ont remportés
chacune une confrontation et oui à l’époque le but à l’extérieur
ne compte pas double en cas d’égalité. Il est possible d'ailleurs
que c’est après ce troisième match que les gars de la FIFA se
sont penchés sur la question car vous allez voir qu'il va être très
lourd de conséquences. CE match d’appui a lieu à Mexico et
inutile de vous dire que les médias (organe de propagande militaire
très en vogue à cette époque dans cette partie du monde) vont bien
faire monter la mayonnaise dans chaque camp !! Alors que les
relations entre les deux pays sont coupées depuis le dernier match,
cette dernière manche va encore aller plus loin dans l'escalade de
la violence. Le Salvador va l’emporter 3-2 avec le but de la
qualification pour le Salvador inscrit par Pipo Rodriguez en toute
fin de match, comme si la tension entre les deux nations avait besoin
d'un tel scénario Hitchcockien.
Le Honduras ne va tout
simplement pas accepter la défaite. Les violences reprennent de plus
belles dans les deux pays et de graves incidents frontaliers ont lieu
: lynchages, femmes violées… plusieurs dizaines de morts à
nouveau. Le Honduras accusen les arbitres d’avoir été achetés,
que les salvadoriens ont triché. Insultes, lazzis, quolibets et
calomnies sont échangés et attention on ne parle plus des
supporters de football des deux équipes mais entre membre de chaque
gouvernement. Et comme depuis le premier match on va de plus en plus
loin dans les représailles, voilà que le lendemain du match, le 14
juillet 1969, l’aviation salvadorienne bombarde la capitale
Tegucigalpa !! Rien que ça. Bien évidemment c’est cet événement
qui marque le début de la guerre des 100 heures !!
Bon là je trouve qu’on
pousse quand même le bouchon un peu loin. Même moi, fervent
supporter de l'Olympique Lyonnais, si en 2005 j’avais été
ministre de la défense, je ne pense pas que j’aurais bombardé les
Pays-bas après que le PSV Eindhoven ait éliminé l’OL, et ce même
si y’avait péno sur Nilmar. Le conflit ne va durer que 4 jours,
d’où son nom de guerre des 100 heures comme vous l'aviez compris
et je ne vais pas vous analyser cet affrontement militaire car je
n'ai pas les compétences d'un journaliste de feu la Cinq qui aurait
sévi durant la première guerre du Golfe. Mais il faut savoir que
sous la pression internationale et surtout celle des pays nord
américains, les deux nations stoppent le conflit mais ne font pas la
paix. Il faudra attendre 1980 soit onze ans plus tard, pour qu’un
traité de paix soit signé.
Le conflit bien que bref
à un bilan dramatique en faisant plus de 6 000 morts et il engendra
des déplacements de populations importants (environ 50 000 personnes
connurent l’exil). Comme quoi, un match de qualification pour la
coupe du monde peut être très chaud et heureusement que le Salvador
ne s’est pas qualifié avec un but emmené de la main dans les
prolongations. Cela confirme tout le bien que je pense des Irlandais,
ces gens là on une vraie sagesse ! Voici l'équipe du Salvador, qui
participait à sa première coupe du monde, dans le premier album
Panini pour une coupe du monde :
Source : La guerra del fùtbol - Kapuscinski
super l'article et très documenté. Bravo Alex puissant. On attend le commentaire de Will ...
RépondreSupprimerNormalement Will, le féru d'histoire, ne devrait pas rester stroïque !
RépondreSupprimerExcellent, j'ignorais totalement cette histoire.
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